Cinquième remise du
Prix Poésie21
Remise virtuelle du Prix de Poésie21 pour l'année 2020
en l'honneur de Lucienne Gracia-Vincent
En raison des interdictions nombreuses qui ont affecté tout le champ culturel, liées à la crise sanitaire, nous avons été d'abord obligés de repousser de mois en mois la remise du Prix Poésie21, puis devant l'impossibilité d'organiser la moindre réunion, le jury s'est réuni et a décidé d'attribuer le Prix, de le remettre de façon toute virtuelle, en attendant de pouvoir en novembre réunir les lauréats de 2020 et ceux du futur prix en 2021.
Pour l'heure, procéder à cette remise de prix virtuelle, c'est en faire la diffusion nécessaire, remercier les candidats, et présenter nos deux lauréats. Rappelons déjà que le Prix Poésie21 poursuit sa carrière et se fait de mieux en mieux connaître, comme on peut en avoir la preuve par les lieux d'origine des participants : de France et de Navarre, d'Espagne, de Suisse, d'Algérie. Poètes-hommes et poètes-femmes sont également représentés. Les recueils côtoient les tapuscrits, les éditions courantes s'accordent avec les livres d'art aux illustrations artistiques.
La Fondation Saint-John Perse, elle aussi affectée dans ses expositions et ses rencontres, a reçu les différents envois, et a pu ainsi permettre, lorsque l'ouverture était autorisée, une consultation par les membres du jury ou d'autres personnes intéressées, des textes qui ont été proposés par leurs auteurs pour ce prix.
Nous remercions tous ceux qui ont diffusé l'information de ce Prix, le secrétariat de la Fondation et sa directrice, et différentes revues ou media qui sont intervenus dans ce sens.
Le prix Poésie21 est remis ex aequo à Léon Bralda pour Un temps fécond et à Eric Sarner pour Simples merveilles.
Le jury les félicite vivement.
Dans l'attente de pouvoir les rencontrer et leur laisser la parole...
Echange d'une année à l'autre
Notre règle interne veut que le lauréat précédent a le devoir d'écrire un texte pour le lauréat suivant. Nous nous sommes donc tournés vers Sophie Renée BERNARD, récompensée pour son recueil Pèlerinages de la chèvre (éd. Christophe Chomand), de nous parler de nos deux lauréats. Il est vrai que l'autre lauréate, Miriam HARTMANN, aurait dû s'exprimer mais, de langue maternelle allemande, et quoiqu'elle sache s'exprimer à l'oral au mieux en français, nous avons préféré lui éviter ce qui aurait pu lui causer un souci. Mais sa peinture ne peut qu'entrer en rapport avec celle d'un de nos lauréats 2020, à la fois poète et peintre (Léon Bralda). Lors de la réunion que nous espérons pouvoir tenir en novembre, elle aura son mot à dire.
L'attention portée par le poète Sophie Renée Bernard sur les deux recueils retenus, son approche sensible et clairvoyante, sont déjà l'occasion de découvrir l'univers de ces deux poètes : Nous ne pouvons que suivre sa démarche et la croiser aux raisons qui ont mené le jury à les choisir. En voici la teneur :
Léon Bralda, Un temps fécond
« Où l'on est immergé dans la mémoire, qui toujours nous ramène à l'enfance. Le passé n'est pas le passé. C'est l'enfant, toujours, qui sent et reçoit, qui se tait et qui écrit. Un chemin se trace, lacunaire, plein. Seul le poème est à même, non pas de rendre, non pas de ressusciter les anciennes sensations d'un temps révolu, ce temps-là encore moins, mais d'en faire frémir, par la lumière portée fragilement, la consistance perdue. Alors il y a les paysages, et le vent, et les vignes, les parfums d'une terre, ces âmes devenues qui seules demeurent, pour peu que l'on sache les écouter.
Ce que fait le poète.
"Je me souviens du jour naissant
et du feu lent brûlant sur la peau d'homme
un reste d'insomnie,
cassant la terre à l'endroit de ton doute (…)"
Mots tout en retenue, enclaves d'une vie ardente et souterraine – ils sont nombreux dans ce recueil, touches à la pointe du pinceau effleurant la surface brouillée des souvenirs, avec le miracle de la clarté, vers très vrais capables de remuer en nous la lame d'une émotion.
L'écriture poétique de Léon Bralda, resserrée autour d'une voix singulière qui est aussi celle des confins, se fait évanescente, brumeuse, tel un lavis noyant les contours, les toponymes, la possibilité d'un récit, seul recours cependant, ne serait-ce que par la beauté qui affleure, sa pureté de galet frotté au temps long.
Sophie Renée Bernard
Éric Sarner, Simples merveilles
"J'aime regarder, même lorsqu'il n'y a rien à voir, et peut-être surtout lorsqu'il n'y a rien à voir."
C'est l'auteur lui-même qui parle, livrant, qui sait, un élément d'une éthique, quelque chose comme son art poétique. Le recueil nous découvre page à page de courts poèmes comme autant d'instantanés de scènes de rue et de genre, de gestes minuscules entrevus à la dérobée par les fenêtres, dans un acte d'attention à la plus grande singularité au cœur de la plus grande banalité. Des enfants qui jouent sur un trottoir. Une dispute de couple. Une femme au téléphone. Le presque-rien, l'insignifiant qui, par la fixation d'une écriture concise, se fait tout, contient tout. Nulle préméditation. Nul jugement. Instants fugaces pris dans le tourbillon des existences, attrapés par le viseur du poète (un James Stewart plâtré fasciné par les routines du voisinage, les drames qu'elles recèlent, ou l'idéal de l'œil objectif de ce qui est, débarrassé des scories d'une conscience, en la caméra actionnée par quelque ouistiti, scène mémorable de Buster Keaton ?).
Le deuxième volet du recueil prolonge cette saveur aiguë de l'infime qui forge nos vies. Cette fois on est dans l'Histoire, des noms, des figures émergent. Pas de grands faits, jamais, pas d'événements, si par là on entend ce qui est digne d'être narré à l'aune de la raison causale. Éric Sarner nous cantonne dans l'empirisme et l'anecdotique. Pourtant ce qui s'y joue n'est pas sans gravité. Car la mort est partout, conclusion connue d'avance, et l'oubli, qui semble menacer de recouvrir le monde ainsi naissant sous la plume de l'écrivain, monde des signes appelant, peut-être, à son au-delà.
Sophie Renée Bernard
La lecture de poèmes de Lucienne Gracia-Vincent
Le prix Poésie21 a pour projet fondateur de rendre hommage à la poète Lucienne Gracia-Vincent et, chaque année, nous demandons à nos lauréats de bien vouloir choisir dans ses œuvres deux poèmes qui les touchent ou qu'ils peuvent admirer. Ils ons alors la tâche de les lire devant notre public. Les années précédentes, un des membres du jury avait pris le relais pour faire entendre les vers de Lucienne Gracia-Vincent. Cette année, virtuellement, écoutons ce que nos lauréats ont sélectionné.
Notes sur la poésie de Lucienne GRACIA-VINCENT par Léon Bralda :
« J’ai découvert la poésie de Lucienne Gracia- Vincent au détour d’une page internet, lorsque cherchant quelques informations sur les œuvres littéraires de Saint John Perse et René Maria Rilke, notamment les ouvrages empruntant à la forme « sonnet », je suis tombé sur divers sites restituant quelques-uns de ses poèmes. J’ai tout de suite apprécié cette écriture si sensible, si bien ciselée, marquée par l’absolue nécessité de porter mémoire. Une poésie qui lève comme vent léger et dont la musique monte au cœur. D’évidence heureux, ses mots et ses images nous laissent entrevoir une Présence au monde, se font affirmation d’un langage advenu dans la croyance et la force de vivre. J’y ai perçu cet impérieux besoin de retourner en terre natale, au pays de l’enfance éternelle, en ces lieux de jeunesse qui bordent le bassin méditerranéen et dont ma propre poésie est foncièrement habitée depuis toujours. »
Léon BRALDA
Poèmes choisis
Les Calanques
Je sais un point du globe où subsiste, c'est sûr,
Du paradis terrestre, une preuve éclatante,
Un merveilleux domaine où la mer palpitante,
Offre à l'humain séjour, sa caresse d'azur !
La côte, sur ce bord, a des caps, des presqu'îles,
Où la vague s'étale entre les rochers nus !
Les sourires du ciel se trouvent retenus,
Dans les limpides eaux des calanques tranquilles !
A l'abri du ressac, l'onde emplit tous les creux,
S'infiltre, se repose en des vasques discrètes,
Où se mirent les pins qui fusent des arêtes,
Ouvrant leurs parasols sur des sentiers pierreux !
Le flot, sans hâte, arrive aux falaises crayeuses !
Il s'étire, se donne; il flâne, se reprend
Couvre le sable doux d'un voile transparent,
S'irise en fins rayons sur des ailes soyeuses !
L'incessant clapotis suit de minces filets,
Sur la trace des pas d'une danse première,
Tandis qu'au fil de l'heure un prince de lumière,
Allume des soleils sur les menus galets.
Les Souvenirs d'Enfance
Les souvenirs d'enfance illuminent la vie !
Dans ce creuset profond, bouillonne un pur métal
Dont se forge le cœur dans le pays natal,
Qu'il mire jusqu'au bout de la pente gravie !
Heureux qui garde en soi sur la route suivie,
Le trésor prodigué par le souffle vital :
De la source limpide au merveilleux cristal,
S'exerce un doux pouvoir charmant l'âme ravie !
Oh ! rien ne peut pâlir l'éclat du premier seuil
Où triomphe, entre tous, un sourire d'accueil,
Où, de la treille, coule, un fin nectar qui grise !
Une joyeuse danse arrive des chemins
Emus par les propos que dissipe la brise
Autour de la fontaine où s'unissent les mains !
Et par Eric SARNER :
« Si je n’ai pas lu les 1738 poèmes publiés entre 1977 et 2008 par Lucienne GRACIA-VINCENT (1923-2014), une œuvre impressionnante reconnue par nombre d’institutions et associations littéraires régionales et nationales, j’ai pu en apprécier beaucoup.
Je retiendrai deux poèmes qui me touchent particulièrement :
Extrait de …D’Algérie (page 16)
Publié par les éditions Publisud à Paris, en 1986
Belle maison
Il n'est belle maison que dans la blanche Alger :
Chaque terrasse en toit, le vent du large, effleure,
Après avoir cueilli sur les ailes de l'heure,
Une fraîcheur alerte aux cimes d'un verger !
Là, s'arrête le bruit, tout message étranger :
Dans la cour enfermée, une fontaine pleure,
Et la vasque retient le reflet clair, un leurre,
Un palais renversé qui tremble en trait léger !
La galerie, autour, avec sa colonnade,
Invite sans péril, à faire la promenade :
En secret, maint rideau, happe un parfum de fleurs !
Sous le pied nu s'émeut la mosaïque lisse
Où se mêlent, vibrants, des bouquets de couleurs !
Et, de rêve, est chargé le silence complice !
Extrait de Provence d’élection (page 38)
Les étés
Passent les souffles chauds des étés de candeur,
…..
Vibre, dans le néant, le chant de la cigale,
Ecrivant dans l'azur, une stridence égale,
…..
Reste, entre les doigts blancs, la guirlande fleurie,
….
Publié par les Éditions Publisud à Paris, en 1989.
Dès le début de son texte en ouverture de …D’Algérie, le préfacier Youssef Nacib rappelle à quel point Lucienne Vincent a aimé l’Algérie, qui était le pays de sa famille depuis plusieurs générations …
Il se trouve que c’est aussi mon cas et que « la fraîcheur alerte », le « parfum de fleurs », « le bouquet de couleurs » qu’évoque Madame Gracia-Vincent dans son sonnet Belle maison, me redisent, dans une justesse de rythme et par tous les sens, mon éternelle enfance algéroise.
Léon BRALDA et Eric SARNER, nos deux Lauréats 2020
Auparavant, quelques mots pour les autres participants.
Le jury propose les actes de sa délibération pour tous les poètes qui ont concouru et nous ont confié leurs ouvrages à lire et à aimer. Nous espérons que notre critique d'ordre littéraire et esthétique, pourra leur servir à faire connaître leurs créations. Nous ne donnons pas leur courriel ni adresse postale, pour ne pas porter attteinte à leur intimité mais, si certains d'entre eux le souhaitent, il sera toujours possible d'ajouter leurs coordonnées. Nous rêvons que chacun puisse aller au-devant d'une forme poétique proche ou éloignée d'un autre poète, tant il faut briser le solipsisme de bien des poètes, par une sorte d'obligation morale à des partages de lecture. Ce narcissisme apparent est social, imposé par les usages, facteur d'inhibition dommageable, alors que nous savons leurs œuvres généreuses.
Qui sont donc nos lauréats de cette année ? Léon Bralda et Eric Sarner. Léon Bralda pour son recueil Un temps fécond (éd. Henry, La Main aux poètes, 2019) et Eric Sarner pour Simples merveilles (éd. Tarabuste, 2020).
Commençons par Léon Bralda (pour suivre un ordre alphabétique).
Dans ce recueil dédié à sa fille aînée, l'exergue annonce l'enjeu :
« Il est temps que les mots fassent demeure pour l'avenir… Le passé est un soleil qui luit dans l'ombre de Demain : l'enfance a prononcé l'insomniaque blessure qui justifie le Vivre, l'appelle et le protège ».
Un accompagnement graphique fait de silhouettes surgissant de loin ou de près, de formes esquissées, de profondeurs secrètes, s'ajoute à des poèmes prompts à saisir la relation mystérieuse qu'une heure de la journée, une pensée, un paysage entraperçu entretiennent dans le secret d'un subtil tissage, à moins que toute consistance se délite dans le rêve.
Apprécions dans ces instants le dynamisme secret des images et des sensations, ce mouvement infime qui sert de vibration animant un espace intime :
« C'était un mois d'août ordinaire durant lequel, dans les maisons qui bordaient la grand-route, glissait par les persiennes closes une lumière pingre.
Elle dessinait sur le corps massif des meubles et sur les papiers peints de drôles d'écritures
et le silence errait dans la touffeur du jour. » (p. 25).
« Il monte un chant d'amour… Un chant d'amour pour la parole chue ! L'enfant est apparu sur le seuil de la porte, il s'en va à l'école, balbutie quelques rires pour étonner l'instant.
Il monte un chant d'amour : le chant clair de l'enfance que prononce le vide dans l'air filasse et froid de quelques réverbères. » (p. 58)
« Le jour s'annonçait derrière les collines rivant la terre-mère aux lignes électriques.
Jusqu'aux yeux, l'horizon levait ses sagaies noires, éraillait le miroir, délayait les rivages. Des cyprès enflammés par le songe des nuits dressaient leur solitude au-delà des chapelles et l'enfant s'éveillait à l'énigme de l'ombre bruissant au bas des grands immeubles. » (p. 55)
Né en 1963 à Béziers, Léon Bralda partage son temps entre son métier d’enseignant et ses activités de créations poétiques et plastiques. Agrégé d’Arts Plastiques et Docteur en Esthétique et Sciences de l’Art, il enseigne les Arts Visuels et l’Histoire des Arts à l’INSPE d’Auvergne. Ce poète est l’auteur d’une quinzaine de titres parus notamment chez les éditeurs Henry, Alcyone, Donner à voir, Encres Vives, le Petit Pois... Co-fondateur du collectif d’artistes « Les Passerelles », il est à l’initiative des Éditions Les Cahiers des Passerelles et L’Entour, livrets associant poètes et plasticiens. Il est aussi membre de l’association de graveurs du Chant de l’Encre.
Une quinzaine de recueils de poèmes sont à son actif, s'inscrivant dans la durée et le renouvellement constant.
Dans la revue Saraswati (n° 16- janvier 2021), il commence l'entretien par ces mots :
« Je suis très heureux que vous formuliez ainsi votre première question… Vous auriez tout aussi pu dire : " Cher Lionel Balard, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? " Et cette dernière formulation m’aurait immédiatement engagé à parler du plasticien que je suis et de ses productions picturales et gravées. Sans doute aurait-il été plus délicat dès lors de référer à mon travail poétique ; poésie que je signe sous mon pseudonyme littéraire : Léon Bralda. »
En effet, Léon Bralda est aussi Lionel Balard, peintre, graveur, graphiste :
« Je suis donc le plasticien Lionel Balard, né à Béziers en 1963, très attaché aux valeurs de métier de la peinture et de la gravure. Mais aussi Léon Bralda, poète de son état et dont l’ambition est de prolonger et compléter par l’effort d’écriture, la saisie que le peintre fait de l’existant, de l’éprouver et du sensible. En somme, deux noms pour une seule et même préoccupation : être-au-monde, conscient du rôle de témoin et d’acteur que j’occupe dans le champ inépuisable de l’existence... Vivre pleinement cette posture artistique et poétique par laquelle il est possible d’éprouver au plus près ce réel qui nous habite tout autant que nous l’habitons... et d’en rendre compte par mes diverses créations : ces petits objets d’humanité qui portent loin, je l’espère, le sentiment du monde. »
On ne saurait que trop conseiller à chacun, de consulter ces deux sites où l'on pourra découvrir cette double œuvre créatrice :
Au regard de cette intense activité artistique, il ressort que son art est fondamentalement ouvert à d'autres artistes (en peinture, par exemple, il célèbre Morandi, et Bonnard) qu'ils soient morts ou vivants. Il est certain qu'autour de lui s'agrègent d'autres talents qu'il accueille généreusement dans les revues qu'il dirige, selon une logique simple mais essentielle : une résistance commune et partagée, une connivence sans jalousie avec d'autres créateurs, la certitude que l'Art est une recherche inconditionnelle. Cela nous paraît si rare que nous avons plaisir à en rendre compte.
Eric SARNER est notre autre lauréat.
Son curriculum vitae est impressionnant par sa diversité et l'abondance de ses travaux. Eric Sarner est journaliste, metteur en scène de courts métrages, romancier, essayiste, poète, traducteur, formateur, mais un trait principal domine, c'est un voyageur (il est invité aux rencontres Des Etonnants voyageurs à Saint Malô) à la façon de ce vers inaugural de l'Odyssée : « il vit les villes de nombreux hommes et connut leur esprit ». Il y a encore tant à voir dans les existences humaines, tant à s'étonner et tant matière à sourire. Car l'humour est constitutif du regard d'Eric Sarner. Humour ou ironie ? Aucune trace de sarcasme, mais le sentiment que l'irrévocable se marie à la légèreté de l'absurde inconséquent. L'homme est décrit entre ces deux paramètres.
Le professionnalisme n'en est pas moins évident :
« J’exerce dans les métiers de la littérature et de la création audiovisuelle, dans ceux du journalisme et de la formation.
Mes domaines de compétence recoupent les champs de la Communication, au sens le plus large, et de la Culture. Commençant par l'enseignement, j'ai ensuite dirigé mes activités vers la presse écrite et audiovisuelle. Ces activités se sont élargies à la réalisation de films, à des collaborations auprès d'agences de communication, ainsi qu'à des responsabilités d'animation, de formation et de "media-training". J’ai également assumé des responsabilités culturelles pour le compte du Ministère des affaires étrangères français de 1999 à 2002. Je poursuis parallèlement une carrière dans les domaines de la littérature et de l’art contemporain. »
La liste des publications est longue, elle vagabonde d'une maison d'édition originale, réservée aux initiés, à une autre volontairement ouverte au vent du large. Les films documentaires disent de grands voyages, des villes au nom prestigieux et évocateur (Istambul, Alexandrie, Haïti, Budapest…), réalisés et diffusés pour nos grandes chaînes nationales. Il collabore à France-Culture, et d'autres radios, il interroge Bourdieu, Cartier-Bresson, tient une chronique du jazz ou du théâtre, il écrit dans nos meilleurs quotidiens. Se reporter sur la page Wikipedia qui lui est consacrée, il n'y a plus que ça à faire. L'article y tend difficilement à l'exhaustivité au regard de l'activité polygraphique d'E. Sarner.
Mais comme le pensait Buffon, « le style c'est l'homme ». Et ce style, c'est la notation poétique, humble, familière, lié à un simple regard sur la bizarrerie des situations humaines, son caractère absurde, et la féérie y est toute immanente.
Eric Sarner est dans l'anecdote, au milieu de ces petits riens sans grandeur ni importance, fait d'un geste, d'une posture, d'un événement ridicule, mais il en fait une matière d'où peut émerger une stupéfiante surprise. L'anecdote se tient dans l'à peu près, l'à côté, l'inexistant, et par un revirement quasi beckettien, devient le paradigme de notre humanité : risible et merveilleuse (se reporter au titre de son recueil). Ses poèmes sont comme le tonneau des Danaïdes, ils fuient de toutes parts, vers ce qui reste d'incertain et de libre dans les existences.
Que cette page de remise de prix virtuelle suive maintenant son chemin auprès de chacun !
Nous ne pouvons qu'exprimer notre gratitude pour ces poètes
dont les œuvres ont fourni à chaque membre du jury un réel moment de bonheur.